Dans l'immeuble où
j'habite, il y a depuis quelques mois une vague de cambriolages.
Immeuble d'ailleurs peuplé dans sa majorité par des retraités. On
les imagine aisés, on les sent un peu méfiants. On se dit qu'il est
trop tôt pour les classifier (de manière assez binaire, je
l'accorde) comme étant des types
cools ou des types pas cools. On essaye de passer l'éponge
à l'accueil qui nous a été réservé, on s'est un peu laissé
emporter, les deux camps étant fautifs, on a repris à zéro. Je ne
blague plus avec les miens en disant qu'ils votent Front National.
ça non, c'est du passé.
Quand j'ai donc découvert que les cambriolages se multipliaient j'ai mis sur le compte des grandes vacances, car la vie est belle dans cet immeuble, on peut encore partir pendant les vacances. Mais bon, la rentrée est déjà derrière nous, mais pas les cambriolages.
Et depuis j'apprends beaucoup sur la nature humaine. Les consignes sont donc de rester vigilant, de bien fermer les portes et de communiquer à la gendarmerie si on constate quelque chose d'étrange. Je ne vous apprends rien, la peur, en trouvant un terrain fertile, s'installe et s'épanouit abondamment. Car depuis je chasse les signes. Ainsi, quand je croise dans l'ascenseur un homme que je ne connais pas, je ne suis plus la même. Je suis tendue, mes salutations ne sont pas comme d'habitude, bref, j'envoie des ondes pas très sympathiques. Shame on me.
J'essaie de comprendre comment cela a pu m'arriver. Moi qui étais blindée, immunisée, verrouillée à ce type de sentiment. Inconséquente sans doute, mais légère comme une barbe à papa.
Pourquoi donc maintenant?
Est- ce dû au fait
que ma fille grandit et devient à son tour une entité libre qui va
et vient?
Est-ce le prix à
payer pour avoir eu autant d'insouciance?
Est-ce parce que
maintenant j'ai grandi?
Oh là là, il va
falloir faire face et essayer de comprendre d'où ça vient et
pourquoi. Tout un programme. Je pourrais bien l'intituler: « Comment
je suis devenue conne ».
Mais quel retournement des choses, non? Moi qui exècre la méfiance gratuite deviens une parano de première. J'ai presque envie de remercier ces sacrés cambrioleurs, qui m'ont fait comprendre que je ne suis plus comme la barbe à papa. Essayer de maîtriser la peur peut s'avérer aussi un exercice de résistance, non?! On dit non au préjugés faciles, on dit non à l'attaque comme moyen de défense, et on essaye de ne pas porter les lunettes de la raison, car la peur peut rendre grave myope. J'y vais alors, car visiblement j'ai du boulot!
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire