mardi 11 octobre 2011

The Artist

 
 
La semaine dernière, j'ai interviewé un jeune graffeur chinois qui expose pour la première fois. La veille je me suis rendue au vernissage et le fait que l'art urbain ne soit pas toujours ma tasse de thé ne m'a pas empêché de savourer le style, les couleurs et le tracé proposé par l'artiste.

Dans ce genre de soirée, c'est connu, on frôle souvent l'ennui et les conversations bancales. Heureusement la galerie d'art en question propose un menu composé de trois éléments : bon accueil, des artistes intéressants et un excellent champagne!

Je me suis donc prêtée pendant ladite soirée à des jeux imaginaires. Ainsi, dans mon dialogue intérieur, je me disais que j'étais peut être témoin de la genèse d'un graffeur- peinte particulièrement doué. Et dans quelques années on dirait de cette première expo qu'elle était un moment décisif dans son parcours. Je me disais aussi que c'était le moment d'acheter l'une des ses toiles géantes qui m'ont tant plue, car dans quelques temps ça pourrait devenir complètement inaccessible à de simples mortelles comme moi. L'art contemporain on le sait, est imprévisible et son marché n'a aucun sens.

Et comme avec du bon champagne l'imaginaire se laisse aller, je pensais au personnage du livre « La carte et le territoire » de Michel Houellebecq. Ce jeune peintre doué qui m'avait tellement émue et choquée par l'impossible équation entre extrême sensibilité et totale indifférence à la vie, un homme qui n'était habité par rien d'autre que son talent. Troublant.

Le jeune graffeur que j'avais devant moi, à contrario était sacrément habité. Serait-ce l’enthousiasme habituel qui accompagne les débuts ? La certitude que le travail paye ? Le sentiment de revanche que certainement portent les artistes ? Impossible de définir l'origine d'une telle flamme, je sais simplement qu’elle était au rendez vous et on reste pas indifférent a une telle force. Quel vertu incroyable est l'enthousiasme. Il avait réussi a transporter toute cette énergie vers ses toiles en la transformant en quelque chose de palpable. Toutes ses élucubrations m'ont fait penser que je vivais un grand moment d'échange avec une œuvre d'art. 
 
Bien sûr, le lendemain en me rendant à la galerie pour réaliser l'interview je me sentais un cran moins emballé et presque avec tristesse je me suis dit que ce sacré champagne m'avait bien eu. Mais dès le moment où il s'est mis à me raconter son parcours j'ai à nouveau senti la présence de cette flamme et, soulagée, je me suis dit que quand même ce bref moment de grâce avait réellement eu lieu.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire