Il
y a quelques mois, j'ai essayé de proposer un reportage dont le
sujet me paraissait peu ordinaire. J'étais convaincue qu'en
écrivant là dessus, j'aurais l'occasion d'évoquer l’enchantement
dont fait occasionnellement preuve le pays où je suis née. Je ne
sentais aucun élan de patriotisme, mais la tentation de raconter des
choses croustillantes sur le Brésil, mon pays. J'ai dû être une
piètre négociatrice car le sujet en question n'a pas séduit
mes cibles, et j'ai, à contre cœur, archivé le projet.
Je
me suis même dit que finalement, ce sujet n'était peut être pas si
intéressant et qu'il y avait sans doute d'autres choses bien plus
intéressantes à raconter aux gens de bonne volonté.
Mais,
et il y a souvent un mais, j'ai changé d'avis et de fil en aiguille
nous y voilà.
Néanmoins,
une petite introduction s'impose. Quand je suis arrivée en France,
après de longs mois de rêverie et d'attente, je me suis sentie
enfin chez moi. Je répétait inlassablement la même chose à tout
ceux qui me demandait pourquoi j'avais choisi la France, alors que le
monde est si vaste. J’affirmais donc avec beaucoup d'aplomb que
Paris était une sorte de paradis spirituel de mon existence. Une
phrase certes un peu pompeuse mais qui décrivait bien mes
sentiments. Et pour bien souligner la chose, j'ai développé un
certain rejet de mon propre pays.
Je
le voyais, comment dirais-je, comme une erreur de scénario. Au fil
des années, je me suis rendue compte que j'étais moi aussi,
sensible aux charmes multiples de ce pays continent (expression qui
m'a toujours fait rire, allez savoir pourquoi).
Alors,
si je devait décrire ce qui me plaît chez moi, je commencerait par
ça...
Il
était une fois un immense pays. Tellement grand et fertile, qu'il
attirait toutes les convoitises. Ce pays était très jeune, et tout
était à apprendre. Les élites avaient comme inspiration majeure la
mère Europe. L'amérique voyait le jour, sous le joug du Vieux
Monde.
Durant quatre siècles le Brésil a été esclavagiste. L'ADN
de la culture brésilienne est composée d'un bout d'Afrique, d'un
bout d'Europe et bien sûr de nos doyens indiens, qui étaient là-bas
bien avant que le portugais Pedro Alvares Cabral déclare la
découverte du Brésil le 22 avril 1500. Inutile de dire qu' avec un
héritage pareil, nous sommes un peuple assez particulier. Si le
Brésil était un livre, il pourrait être classifié dans le genre
réalisme fantastique. La pensée cartésienne existe bien entendu,
mais...il y a toujours un mais.
Et
voici pourquoi, la religiosité brésilienne peut paraître aux yeux
de l'étranger mal avisé, un peu farfelue. Avec tant de
transmission, notre imaginaire spirituel est à l’image d'un
mosaïque colorée, dont les fragments possèdent chacun son
histoire. Et dans ce syncrétisme religieux, on trouvera l'empreinte
française. Car, ici même, l'un des enfants de ce cher pays, un
cartésien pur et dur (qui est resté pratiquement méconnu de ses
compatriotes), est devenu une vrai rock star au Brésil. Le fondateur
d'une doctrine qui réuni dans mon pays plus de 20 millions
d'adeptes.
A
suivre...
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