mardi 8 novembre 2011

Little Trouble Girl




La presse féminine mériterait d'être analysée (non seulement par des sociologues mais aussi par chaque citoyen) plus attentivement. Il me semble que l'on pourrait déceler pas mal de névroses féminines et masculines.

Voici la question que je me pose: pourquoi, malgré notre lucidité et notre expérience, nous laissons nous embobiner par des titres comme « Les nouvelles crèmes ont réponse à tout » ; « Les secrets des filles qui ne font pas leur âge » ou encore : « Une peu lisse, fraîche et repulpée sans Botox » ? Depuis quand rester jeune (et donc puissante) est devenue une obsession collective ?

Théoriquement, la femme réfléchie (ou qui a un cerveau) se moque de ce genre de mentalité et du style de vie imposé par le marché. Mais, en pratique, on voit des femmes (fortunées ou pas) qui dépensent d'énormes sommes d'argent en crèmes et en soins de plus en plus sophistiqués. Et à grande vitesse, le marché semble s'approprier l'idée selon laquelle vieillir est dégradant et qu'il faut donc rester jeune à jamais.

Quand j'étais petite, mon imaginaire répondait au concept de vieillesse par l' image d'une dame âgée, aux cheveux blancs et l'air gentille. Grosso modo, je pensais à ma grand-mère. Aujourd'hui, mon imaginaire fonctionnerait-il de la même manière ? Je commence sincèrement à en douter, car il est de plus en plus travaillé (ou bombardé) par cette société qui a déterminé que la jeunesse est synonyme de pouvoir et où toutes les possibilités sont envisageables, alors que la vieillesse renvoie à l'invisibilité et à la dégradation. 

Il faut donc adopter une stratégie (quitte à devenir un mutant pathétique) pour stopper les signes des années qui passent.

Ne pourrait-on pas soigner naturellement le corps et l'esprit ? Le corps avec une alimentation adéquate associée à l'activité physique et l'esprit en aillant une vie intérieure très riche ? Qu'est-ce qui nous effraye au juste ? Ne plus attirer les regards ? Perdre son pouvoir de séduction ? Ne plus être aimé(e)s ?

Ah, la Dame Peur, toujours à l’affût. Le sentiment qui nous rend tous égaux. 

Sauf qu'il y a quelque chose qui cloche dans cette théorie. Car une femme mûre, qui a plus de vécu, d'expérience et une meilleure connaissance d'elle-même, est plus séduisante et charmante qu'une minette de 18 ans. Socrate nous a expliqué, il y a fort longtemps, que le «Connais-toi toi-même » était la bonne clef. La seule que nous possédons. 

Pourquoi donc essayons-nous de nous immortaliser, alors que nous savons d’emblée que tout fane et meurt un jour ou l'autre ? 

Ce n'est pas morbide, c'est simplement la condition première de l'existence : pour vivre il faudra mourir. Et avant cela, vieillir (dans le meilleur des cas).

Si je parle de la presse féminine française c'est parce qu'il y a sept ans, en arrivant en France, je découvrais avec bonheur une posture féminine que j’imaginais jusqu'alors inconcevable. Dans mon pays existe, c'est bien connu, une culture du corps absolue. On se transforme tout au long de sa vie, jusqu'à en perdre raison. Difficile de trouver une femme qui n'a pas subi une intervention chirurgicale, car même les plus pauvres ont la possibilité de le faire en payant à crédit. 

En France, je ne sentais pas la même pression. Je me disais que c'était sacrément élégant de vivre sa féminité comme ça, sans se faire violence, avec une certaine grâce. Hélas, au fil des années j'ai fini par voir que ce n'était pas tout à fait la réalité. Je remarque, et ce même parmi des filles très intelligentes et cultivées, qu'il existe cette pression et cette peur bleue de vieillir. Alors que nous savons pertinemment que la vie s’appuie sur le concept de l’impermanence ! 

Tout change, tout bouge, tout évolue. Rien n'est statique. L’univers, nous le savons, n'est pas immuable, il est au contraire en expansion. Permettons nous de l'être aussi.

Et peut être un jour nous nous affranchirons de cette peur et de ce genre d'article si arriéré.



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